En effet, il a été authentifié que le messager d’Allah a dit :
« Les cœurs des enfants d’Adam sont tous entre les doigts du Tout Miséricordieux, tel un seul cœur. Il les oriente comme Il le veut[1]. »
Ainsi, quelle que soit le rang spirituel que le serviteur ait atteint, il n’est à aucun moment à l’abri d’une épreuve dans sa foi. Il doit craindre que ne l’emportent les vents des passions et des tentations.
C’est pourquoi, le prophète invoquait en disant :
« اللَّهُمَّ مُصَرِّفَ الْقُلُوبِ صَرِّفْ قُلُوبَنَا عَلَى طَاعَتِكَ »
« Ô Allah, Toi qui dispose du sort des cœurs, dirige nos cœurs vers Ton obéissance ![2] »
Alors, si le guide des pieux implorait Allah par ces invocations pleines d’humilité et d’indigence, qu’en est-il de nous, pauvres serviteurs que nous sommes…?!
De ce fait, tu observeras que celui qui ne se sent pas à l’abri est sans aucun doute le plus craintif pour sa personne, le plus enclin à s’abandonner devant son Maître puissant .
Jubayr Ibn Nafîr a dit :
« Lorsque j’entrai dans la maison d’Abû Ad-Dardâ’ à Hims[3], celui-ci était en train de prier dans sa pièce réservée à la prière. Lorsqu’il s’assit pour le « Tashahhud », il se mit à demander la protection d’Allah contre l’hypocrisie. Dès la fin de sa prière, je lui dis :
- « Qu’Allah te pardonne, Abû Ad-Dardâ’! Qu’as-tu donc à voir avec l’hypocrisie ?! Quel est le rapport entre toi et l’hypocrisie ?! »
- Il dit alors : « Ô Allah, j’implore ton pardon ! Ô Allah, j’implore ton pardon ! Ô Allah, j’implore ton pardon ! Celui qui pense être à l’abri n’est jamais à l’abri ! Je jure au nom d’Allah que par moment, une heure suffit pour que l’homme éprouvé dans sa foi renonce à sa religion[4]. »
[1] Rapporté par Muslim (2654).
[2] Rapporté par Muslim (2654).
[3] NdT : ville située dans l’actuelle Syrie.
[4] « Sifât Al-Munâfiq », d’Al-Firyâbî (p.69).