(1)j’ai seulement été envoyé comme une miséricorde et non pour apporter la malédiction
une polémique est née à propos du fait de prier contre tous les chrétiens sans distinction ni exception, en particulier après les évènements détestables de septembre. suite à ces évènements, les musulmans ont senti qu’ils étaient la cible d’une campagne idéologique, politique et médiatique féroce de la part des occidentaux. de ce fait, certains imams et prédicateurs se sont mis à lancer des imprécations contre absolument tous les chrétiens.
pour traiter cette question, il faut produire un raisonnement intellectuel, méthodique et objectif d’un point de vue scientifique, honnête et juste du point de vue moral. nous allons le développer autour de trois axes :
- la nécessité d’éviter la transgression dans l’invocation.
- l’explication correcte des évènements et des positions.
- l’exploitation politique de la religion.
peut-il y avoir transgression dans l’invocation?
oui, comme le noble coran dit dans le verset 55 de la sourate (al-’a`râf) : «invoquez votre seigneur en toute humilité et recueillement et avec discrétion. certes, il n’aime pas les transgresseurs ».
al-qurtubî a écrit : «c’est-à-dire transgression dans les invocations. or la transgression dans les invocations se présente sous plusieurs formes, comme par exemple invoquer d’une voix trop forte ou en criant. il y a aussi le fait de demander dans son invocation d’obtenir le rang de prophète, une chose impossible ou injuste, par exemple invoquer pour demander la réalisation d’un péché et ainsi de suite ». a quoi nous ajoutons que, parmi les aspects de la transgression dans les invocations, il y a le fait de prier contre un innocent avec qui on est en état de paix, qui n’a commis aucune injustice envers nous, ne projette même pas de le faire et ne se réjouirait pas qu‘un malheur nous touche. sans aucun doute, il y a parmi les chrétiens beaucoup qui ne sont pas impliqués dans une injustice quelconque envers les musulmans. prier contre ces gens est une forme de transgression dans l’invocation. c’est même une injustice flagrante. l’islam ne permet pas d’agresser autrui sous prétexte qu’il est d’une religion différente. il a même interdit cela de manière catégorique car l’injustice est interdite de façon absolue.
il est vrai que l’invocation est licite, mais seulement contre les injustes. elle est permise même pour les non musulmans : en effet, l’invocation de l’opprimé est toujours acceptée. il n’y a pas de voile entre elle et allah. il est donc loisible pour les imams et les prédicateurs de restreindre leurs invocations et les limiter aux seuls injustes, ils éviteront ainsi d’être injustes envers les innocents qui vivent pacifiquement. de plus, l’invocation est une action qui sert à se
rapprocher d’allah or l’on ne se rapproche pas de lui par l’injustice.
cette idée est renforcée par d’autres points, par exemple le fait que certains musulmans sont mariés avec des chrétiennes. comment un musulman peut-il dire «amen» à une invocation qui englobe son épouse? de plus, il y a des intellectuels et des penseurs chrétiens qui ont une position vis-à-vis de l’islam et des musulmans plus noble et plus honorable que les positions de certains individus qui portent pourtant des noms musulmans.des centaines de milliers de chrétiens en occident ont participé à des manifestations pour soutenir les musulmans. est-il juste de prier contre ceux-là dans le cadre d‘imprécations généralisées? la généralisation, ici, est une faute religieuse et une erreur du point de vue politique.
ce qui est pire c’est que la généralisation dans les invocations entre en contradiction avec un verset coranique contenu dans l’une des sourates révélées les plus tardivement, à savoir la sourate al-mâ’ida: «et tu trouveras certes que les plus disposés à aimer les croyants sont ceux qui disent : «nous sommes chrétiens ». ce passage empêche de généraliser les invocations.
d’aucuns pourraient rétorquer qu’il s’agit là d’une situation ancienne qui n’existe plus. a cette objection, on répondra premièrement qu’elle dénote une profonde arrogance puisque ceux qui tiennent ces propos prétendent être capables d’abroger le noble
coran par des allégations personnelles.
deuxièmement, la réalité historique et la situation actuelle confirment la vérité coranique. effectivement, la plupart des gens qui éprouvent de la sympathie et de la compréhension vis-à-vis de l’islam ou qui s’y convertissent sont les chrétiens.
certes, on ne peut faire abstraction du facteur religieux dans l’analyse des évènements et des rapports de force dans le monde actuel. cependant, donner trop d’importance à un facteur donné au détriment des autres peut nous priver d’une vision juste et d’une compréhension saine de la situation. par exemple, si l’on affirme que le facteur religieux est à l’origine de tous les conflits dans le monde, comment expliquer la guerre qui oppose l’éthiopie à l’érythrée alors que la religion des deux belligérants est la même, à savoir le christianisme? comment expliquer la guerre dans la région des grands lacs qui a lieu entre des tribus qui dans leur ensemble sont toutes chrétiennes?
comment expliquer le conflit armé qui a éclaté entre les serbes orthodoxes et les croates catholiques, tous deux chrétiens?
comment expliquer les effusions de sang qui ont marqué pendant des décennies les relations entre les catholiques et les protestants en irlande alors qu’ils sont tous chrétiens? avant cela déjà, deux chrétiens hitler et mussolini ont combattu des peuples chrétiens à l’échelle de toute l’europe. la première guerre mondiale fut un conflit sanglant opposant des peuples qui ont en
commun leur appartenance à la religion chrétienne. jadis, les américains ont combattus les anglais lors de la guerre d’indépendance, alors que les deux parties étaient chrétiennes. bien avant cela encore, l’europe a connu de longues guerres meurtrières qui ont gravement déchiré ses contrées en dépit du fait qu’elles se réclamaient toutes d’une seule religion : le christianisme.
si nous regardons le cas des arabes et des musulmans durant les dernières décennies nous retrouvons le même phénomène à peu de choses près, avec cependant quelques modifications relatives à la forme et l’expression et qui sont liées au contexte. en effet, on a assisté durant les dernières décennies à des conflits longs et âpres dans le monde arabe, motivés par les raisons les plus diverses :
le choix de l’économie, socialiste ou libérale, la conception du nationalisme, envisagé comme un arabisme naturel originel ou une philosophie alternative à l’islam, le type de régime à choisir entre les régimes conservateurs qui se développent progressivement dans la sérénité ou les régimes révolutionnaires qui visent le changement par la violence, les coups d’état et l’avancée par bonds. les instruments de la lutte sont le sabotage politique qui représente 20% de l’ensemble, tandis que la propagande ou les guerres froides représentent 49% du tout.
ces conflits existent bien que la religion prédominante de la région soit l’islam. ces exemples et d’autres semblables, sont nombreux dans l’histoire passée et présente de l’humanité, et ils
méritent qu’on les considèrent avec intelligence, clairvoyance et précision de façon à réexaminer les philosophies et les tendances [intellectuelles] qui cherchent à expliquer les événements, les positions et les luttes humaines. ainsi, on arrivera à une analyse correcte qui déterminera des positions plus justes et des relations plus raisonnables.
il est commode d’imaginer que le monde à une entité simple, monochrome, monolithique mais c’est un tableau qui ne résiste pas à l’analyse objective. combien de gens et de régimes se sont fait une image homogène du monde, ont expliqué son mécanisme au moyen d’une cause unique, succombant à leurs illusions…. puis la réalité les a foudroyés et ils ont alors péri ou bien se sont réfugiés en un lieu très éloigné de la réalité. ceux qui conçoivent le monde dans les limites de leurs désirs connaissent des difficultés et des peines sans fin dans leur relation effective avec le monde. ils sont la proie des chocs traumatiques et du désarroi, et éprouvent une difficulté à communiquer, gênés comme s’ils parlaient une langue que personne ne comprend ni ne reconnaît.
expliquer les évènements et les situations à l’échelle régionale et mondiale au moyen d’un facteur unique n’est pas du tout acceptable, ni d’un point de vue méthodologique car c’est ignorer sciemment d’autres facteurs objectifs qu’une analyse correcte ne peut se permettre de négliger, ni d’un point de vue pratique car les mesures prises d’après cette analyse reposeront sur des bases chancelantes, voire inexistantes.
revenons à notre problème : la transgression dans l’invocation est une attitude qu’il faut clairement critiquer. de nombreuses preuves montrent que ce fléau est général et bien enraciné. face à un phénomène d’une telle ampleur il est important d’élaborer une réfutation en bonne et due forme. dans les lignes qui suivent nous allons nous attacher à en produire les arguments :
- on a déjà dit que lancer des imprécations contre tous les chrétiens constitue une injustice flagrante formellement condamnée pour plusieurs raisons :
- cela contredit le principe coranique ordonnant l’équité dans le discours : «et quand vous parlez soyez équitables ». ceci est un ordre clair et précis, valable pour toute parole, y compris l’invocation. si donc l’invocation s’éloigne de l’équité et devient injuste, alors la personne qui invoque a désobéi à allah et s’est donc égarée.
- cela contredit le principe coranique enjoignant de ne pas juger de façon identique tous les gens du livre. le coran dit effectivement à propos des gens du livre : «mais ils ne sont pas tous pareils ». le fait de dire qu’ils ne forment pas un bloc homogène induit donc des différences en leur sein. certains d’entre eux sont pacifiques et candides, d’autres neutres, d’autres injustes et d’autres très proches de l’islam de par leur prédisposition naturelle (fitra) ou grâce à leur recherche appliquée de la vérité. du fait que le coran est un livre absolument juste envers tous les hommes et extrêmement précis dans son expression,
ce verset appelle à distinguer les injustes de ceux qui ne le sont pas, pour que les musulmans sachent comment traiter les gens du livre, sans verser dans le manichéisme. en effet, l’humanité est complexe et regroupe un grand nombre de types moraux, dès lors, toute généralisation est une faute grave commise contre la religion et entre en contradiction avec la réalité. les musulmans ne côtoient-ils pas des milliers de chrétiens qui agissent avec équité envers eux dans le commerce, les diverses transactions ou l’enseignement. par exemple, il y a des dizaines de milliers de musulmans aujourd’hui qui ont été formés en économie, en architecture, en médecine, en gestion et dans bien d’autres disciplines par des gens du livre, sans que ceux-ci aient fait preuve de fourberie, de malhonnêteté ou d’arrogance envers eux. il faut être atteint de troubles psychologiques pour le nier.
le coran nous protège de ce type de maux en établissant une distinction nette entre les injustes et ceux, qui ne le sont pas parmi les gens du livre. l’existence de ces échanges fructueux dans le domaine du savoir nous retient de plus de faire des invocations contre tous ces chrétiens qui ont été utiles aux musulmans. al-mut`im bnu `adiyy a aidé l’envoyé d’allah, qu’allah lui accorde la bénédiction et le salut, quand celui-ci revenait d’at-tâ’if, en le prenant sous sa protection, pendant les jours difficiles. quand, lors de la bataille de badr, des notables de la mecque furent fait prisonniers, le prophète passa près d’eux et dit : «si
al-mut`im bnu `adiyy était encore vivant et qu’il m’avait sollicité à propos de ceux-là, je les lui aurais laissés ». l’envoyé n’a pas fait une invocation contre al-mut`im (qui est mort en idolâtre) mais au contraire il s’est rappelé sa bonne action et son mérite et a indiqué que pour lui marquer sa reconnaissance, il aurait pu libérer ces prisonniers en son honneur, c’est-à-dire sans demander de rançon.
- les imprécations généralisées vont en outre à l’encontre de la notion de miséricorde si chère à l‘islam. le coran montre clairement la fonction de l’envoyé, qu’allah lui accorde bénédiction et salut, dans ce verset explicite : «et nous ne t’avons envoyé qu’en miséricorde pour l’univers ».
certains musulmans ont pris l’habitude dans leurs invocations de maudire les autres d’une façon qui s’apparente à une pratique professionnelle et est, en tout cas, abusive. or cela contrevient à l’idée qu’avec la venue du prophète, qu’allah lui accorde bénédiction et salut, le monde a reçu une miséricorde universelle qui englobe toute l‘humanité, or maudire c’est exclure de la miséricorde divine. cela revient à vouloir imposer allah sa propre volonté et utiliser la religion venue précisément pour apporter la miséricorde divine aux hommes comme moyen d’exclure les hommes de cette miséricorde-là !
aucune parole n’illustre mieux cette idée que le hadith suivant. «on a demandé à l’envoyé d’allah : «invoque allah contre les idolâtres et maudis-les ». il répondit : «j’ai été envoyé comme miséricorde et non pour apporter la malédiction »». cette opposition
faite entre la malédiction et la miséricorde dans le discours de celui qui a reçu le don de la concision, montre que sa mission est placée sous le signe de la miséricorde universelle. il ne saurait donc exclure les hommes de la miséricorde universelle, la miséricorde d’allah le tout miséricordieux le très miséricordieux, glorifié et exalté soit-il. il ne contredit pas l’essence de sa mission prophétique et la réalité de sa tâche. loin de lui une telle chose !
dès lors, la réprobation de la malédiction, évoquée dans le hadith précédent, n’est pas restreinte à des cas particuliers mais constitue une attitude permanente défendue par le prophète dans nombre de ses nobles hadiths. en voici quelques-uns :
- «le croyant ne calomnie pas, ne maudit pas et n’est ni obscène ni grossier ».
- «ceux qui maudissent ne seront le jour du jugement ni témoins ni intercesseurs ».
- «le croyant n’est pas quelqu’un qui maudit ».
- «il ne convient pas à un véridique d’être quelqu’un qui maudit ».
- «ne vous entre-maudissez pas par la malédiction d’allah ».
- le prophète de la miséricorde a même interdit de maudire le vent ! en effet, d’après `abdullâh bnu `abbâs, un homme luttait contre le vent qui soufflait sur son vêtement et l’a alors maudit. l’envoyé d’allah, qu’allah lui accorde bénédiction et salut, dit alors : «ne le maudis pas, car il reçoit des ordres et il est soumis».
de même, il a interdit de maudire les bêtes de somme ou d’insulter les coqs. ce hadith, contient plus qu’une belle et profonde moralité car il renferme l’idée que la transgression dans l’invocation est interdite même à l’encontre des forces de la nature, des bêtes de somme et de la volaille. il suggère de préserver sa langue de l’habitude de proférer des paroles injustes, blessantes et viles car les mauvaises habitudes crée des tares permanentes.
le prophète qui a tenu ces propos était lui-même le premier à les appliquer. anas bnu mâlik raconte : «l’envoyé d’allah, bénis soit-il, n’insultait pas, ne proférait pas de grossièretés et ne maudissait pas». aussi, si vous voyez un musulman, qu’il s’agisse d’un prêcheur ou non, qui insulte beaucoup, dit des grossièretés et maudit, sachez qu’il s’est éloigné de la sunna et ceci même s’il prie, jeûne, fait des exhortations et des conférences, fait des invocations et affirme être un bon musulman. il a été dit à un compagnon, dont le sens de l’égalité a défailli un instant : «tu es un homme qui a en lui de l’ignorance [digne de l’époque préislamique] ».
il est évident que les gens du commun abusent des formules de malédiction dans leur vie quotidienne, non seulement dans les situations où ils sont en colère mais aussi quand ils plaisantent et font de l’esprit. ainsi il arrive que l’on dise à son interlocuteur lorsqu’on est content de ce qu’il a fait : «tu es maudit !»(1).
(1) ndt : c’est une pratique propre des arabes mais qu’on peut rapprocher des insultes que certaines personnes se lancent en français en toute amitié dans des circonstances analogues.
oui, certes, cela arrive. cependant, ce qui distingue le prédicateur des personnes du commun, c’est la justesse de sa réflexion, la finesse de son expression, sa connaissance des finalités de l’islam, sa conformité à la sunna, sa profonde miséricorde pour les créatures et son évaluation correcte du danger que constitue la malédiction.
si l’humanité devait un jour connaître une renaissance morale qui favoriserait le repos de l’esprit et garantirait des relations plus sincères entre les hommes, il serait nécessaire pour en arriver là, d’instituer un usage plus respectueux du langage. que penser d’un homme qui embellit son apparence par les atours de la civilisation, mais qui, quand il parle, ne profère qu’insultes et malédiction, comme autant de missiles qui sortent de sa bouche ? étant donné que la parole est le fonds de commerce des prêcheurs et des prédicateurs, ceux-ci sont donc appelés à contribuer de manière efficace et exemplaire à cette renaissance tant espérée, et ce en tenant des propos de qualité, élégants, élevés, doux, courtois et pleins de sympathie. le prophète était un modèle en la matière par son souci d’exceller dans la forme comme dans le contenu.
(2)la beauté et l’amour dans les paroles et les actes du prophète
le prophète était un homme parmi les hommes, c’est une réalité indubitable : «dis : «je suis en fait un être humain comme vous… ». son appartenance à l’humanité implique deux choses :
- il partage les caractéristiques biologiques de tous les humains sans exception.
- il est caractérisé comme eux et les autres créatures par «l’absence de la qualité divine» puisque dieu est unique, sans associé dans sa qualité divine.
le statut d’humain et ses implications ne diminue absolument en rien le rang particulier et éminent du dernier des prophètes et envoyés : notre maître muhammad, la bénédiction et le salut soient sur lui.
tout en maintenant et réaffirmant au niveau du dogme «la distinction» entre le statut divin et le statut de la prophétie, l’on doit accorder au prophète sa part de glorification, de respect et d’estime : «ô vous qui avez cru ! n’élevez pas vos voix au dessus de la voix du prophète, et ne haussez pas le ton en lui parlant, comme vous le haussez les uns avec les autres, sinon vos oeuvres deviendraient vaines sans que vous vous en rendiez compte. ceux qui auprès du messager d’allah baissent leurs voix sont ceux dont allah a éprouvé les coeurs pour la piété. ils auront un pardon et une énorme récompense ».
c’est faire preuve de formalisme ou d’affectation
creuse en matière de fiqh que de dire que prier pour la bénédiction du prophète est une obligation qui incombe au musulman une fois dans sa vie. : «il est obligatoire pour lui qu’il l’a prononce une fois dans son existence !»
malgré l’abondante littérature consacrée au prophète, le fleuve limpide et doux de ses nobles qualités ne cesse de couler abondamment, apportant toujours plus d’actions généreuses, grandioses et excellentes dont s’abreuvent ceux qui croient en lui et que savoure tout homme résolu et ardemment désireux d’atteindre une noblesse rayonnante.
du fleuve de ses vertus, nous allons retenir deux joyaux en particulier : la beauté et l’amour qu’il manifestait dans ses paroles et ses actes, qu’allah accorde à lui et sa famille la bénédiction et le salut.
1- la beauté
le prophète a été envoyé avec un grand nombre d’enseignements et d‘objectifs à réaliser. la beauté fait partie de son enseignement car il a été envoyé pour enseigner aux hommes «la beauté» et renouveler la perception et la compréhension qu’ils en ont. allah, magnifié soit son nom, est beau, le coran est beau, la création est belle et puisque le prophète a été envoyé pour enseigner cette beauté universelle, on doit s’attendre à ce qu’il en possède une part importante, et c’est effectivement le cas :
- la beauté du sourire. le sourire est une des manifestations les plus éminentes de la beauté. c’est un langage universel : si l’on voit, à la télévision par exemple, un coréen, un allemand, un sénégalais,
un américain ou toute autre personne de quelque nationalité que ce soit, en train de sourire, nous percevons dans ce sourire tout ce qu’il suggère de bien-être, de joie et d’affection humaine. c’est une expression faciale radieuse complètement opposée à la tristesse mélancolique, à la morosité et à la mine renfrognée.
de ce fait, les gens qui travaillent dans les relations publiques accordent beaucoup d’attention à leur façon de sourire. comment sourire ? comment être toujours souriant ? les lexicographes disent quant à eux que le sourire est le point de départ du rire et que c’est un relâchement et un épanouissement des traits du visage qui amène à découvrir ses dents sous l’effet de la joie.
dès lors, le sourire est une forme de beauté. le prophète était souriant, toute la journée, toute la vie. il était même celui qui souriait le plus. jarîr raconte : «je suis entré au service du prophète quand je suis devenu musulman et chaque fois qu’il me voyait, il me souriait ». tout en pratiquant le sourire, le prophète appelait à sa pratique et y incitait, en disant : «sourire à ton frère est compté comme une aumône». il disait: «ne sous-estime aucune action de bien, ne serait-ce que rencontrer ton frère avec un visage avenant», c’est à dire joyeux, souriant et gai.
- la beauté extérieure. le prophète s’habillait avec ce qu’il avait de plus beau. il se faisait beau pour accueillir les délégations de la façon qui lui convenait et leur convenait c’est à dire qu’il portait les habits qui correspondaient au prestige et aux coutumes des
délégations. il aimait le parfum. `â’icha raconte : «je parfumais le prophète avec ce qu’il avait de meilleur». il empêchait d’entrer à la mosquée toute personne qui avait mangé de l’ail ou de l’oignon. il appelait à la beauté, de manière générale, en considérant que c’est une chose aimée parmi les choses qu’allah aime. il disait : «allah est beau et aime la beauté».
- la beauté de la douceur et de la bienveillance, dans le comportement, les actes et les paroles :
le prophète, qu’allah lui accorde bénédiction et salut, a dit : «chaque fois que la douceur se trouve en quelque chose, elle l’embellit et chaque fois qu’elle en est absente, cela l’enlaidit ». la douceur est donc un embellissement, et une beauté tandis que la violence [rudesse] est une laideur répugnante. le prophète était doux et beau en toutes circonstances. aussi ordonna-t-il la douceur en toute situation : en privé et en public.
- la beauté de la prévenance (gentillesse) :
- il abrégeait la prière quand il entendait les pleurs d’un enfant, supposant que sa mère se faisait du souci pour lui.
- il arrêtait l’avancée des troupes par sollicitude pour un oiseau attristé par la capture de ses oisillons. l’armée n’a repris son chemin qu’après que les oisillons eurent retrouvé leur mère.
- il ne faisait pas de reproches aux gens en désignant directement la personne concernée mais disait: «qu’ont certaines personnes à s’abstenir de ce que je fais ? ». ibn hajar a dit dans «al-fath»: (chapitre sur le fait de ne pas faire de reproche aux
gens tout en leur faisant face), c’est-à-dire par pudeur à leur égard.
- il était gentil avec les enfants et plaisantait avec eux. anas a dit : «le prophète se mêlait à nous au point qu’un jour, il dit à un de mes petits frères : «ô abû `umayr, qu’est devenu le nughayr(1) ?»».
- il acceptait le divertissement chez lui et l’encourageait. `â’icha a dit : «je jouais aux poupées chez le prophète et j’avais des amies qui jouaient avec moi. quand le prophète arrivait, elles se cachaient. il allait alors me les ramener l’une après l’autre pour qu’elles jouent avec moi ».
- il disait : «[pour dire que vous avez la nausée] ne dites pas «khabuthat nafsî» (je suis souillé) mais dites plutôt «laqisat nafsî» (je ressens du dégoût) ». ibn hajar, dans al-fath, a dit: «al-khattâbî a dit: laqisat et khabuthat veulent dire la même chose mais le prophète n’aime pas le terme «khubth» (souillure) [dans khabuthat] et a donc choisi le mot qui ne comporte pas cette notion. il était de son habitude de changer un nom laid en un autre plus beau. on retient du hadith qu’il est conseillé d’éviter les vocables détestables ». l’argument à retenir est que, fait partie de la prévenance dans le comportement avec (soi-même), le fait de ne pas utiliser l’expression «khabuthat nafsî» (je suis souillé)
- fait partie de la prévenance le fait de s’évertuer à honorer son épouse de diverses façons. le prophète
(1) il s’agit d’un passereau. nughayr peut aussi désigner un oisillon quelconque.
proposait son genou à son épouse safiyya pour qu’elle y pose son pied lorsqu’elle montait et s’installait sur la chamelle.
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