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Connaître Allah
  
  

   

Quel est votre conseil vis-à-vis de ce qui se produit entre les jeunes assidus dans leur pratique religieuse (« multazimîn ») et la manière dont ils se confrontent brutalement et se désavouent les uns des autres ?


Il n’y a pas de doute que ce qui se produit entre les jeunes qui suivent rigoureusement leur religion – à savoir la division de leurs rangs, le fait qu’ils se jugent égarés les uns les autres, ou qu’ils haïssent ceux qui sont en désaccord avec leur méthodologie – est une chose attristante et regrettable qui peut éventuellement mener à un mauvais retour de bâton.


En fait, une telle division suscite la joie des diables – qu’ils soient djinns ou humains – car ceux-ci ne se réjouissent pas de voir les gens de bien s’unir sur quelque chose. Au contraire, ils cherchent à les séparer car ils savent bien que la division est synonyme d’une perte de force, cette même force qui est obtenue par le suivi rigoureux de la religion et le fait de se diriger vers Allah.

Et la parole suivante émanant d’Allah  va dans ce sens :

« Et ne vous disputez pas, sinon vous fléchirez et perdrez votre force »[1], de même que celle-ci :

« Et ne soyez pas comme ceux qui se sont divisés et se sont mis à disputer, après que les preuves leur furent venues »[2], et celle-ci :


« Ceux qui morcellent leur religion et se divisent en sectes, de ceux-là tu n’es responsable en rien »[3], ou encore :


« Il vous a légiféré en matière de religion, ce qu’Il avait enjoint à Nûh, ce que Nous t’avons révélé, ainsi que ce que Nous avons enjoint à Ibrâhîm, à Mûsâ et à cÎsâ : « Etablissez la religion ; et n’en faites pas un sujet de divisions» »[4].

Allah  nous a donc interdit la division et nous a montré les conséquences désastreuses auquel elle mène. Au contraire, il nous est obligatoire de former une seule et même communauté, et que notre parole soit une. La division est désordre, éparpillement dans les affaires et entraîne inéluctablement la faiblesse de la communauté islamique.

La divergence d’opinion s’est déjà produite entre les compagnons, mais elle n’a engendré ni division, ni inimitié ou haine. Elle a même eu lieu à l’époque du Prophète, comme ce fut par exemple le cas lorsque ce dernier  en eût fini avec la bataille des Coalisés, et que l’ange Gabriel  vint à lui pour lui ordonner de se rendre chez les Banû Qurayzhah pour les sanctionner de leur rupture du pacte. Le Prophète  a alors dit à ses compagnons : « que personne parmi vous n’accomplisse la prière d’Al-cAsr ailleurs que chez les Banû Qurayzhah »[5]. Ils se sont alors mis en route de Médine vers Banû Qurayzhah lorsque l’heure de la prière d’Al-cAsr survint en chemin.

Certains dirent :

- « Nous ne prierons pas tant que nous ne serons pas arrivés chez Banû Qurayzhah et ce, même si le soleil venait à se coucher car le Prophète  a dit : « que personne parmi vous n’accomplisse la prière d’Al-cAsr ailleurs que chez les Banû Qurayzhah  » et notre réponse est de dire : « nous avons entendu et avons obéi ».

- Tandis que d’autres dirent : « le Messager  a voulu nous faire comprendre à travers cela qu’il fallait s’empresser et se hâter de partir, mais ne nous a pas signifié de retarder la prière ».

Cette affaire est alors parvenue jusqu’aux oreilles du Prophète qui n’a alors réprimandé ni blâmé quiconque parmi eux à cause de leur compréhension. Eux-mêmes ne se sont pas divisés suite à cette divergence d’opinion dans la compréhension de la parole du Messager  Et c’est ainsi qu’il nous incombe également de ne pas nous diviser et de n’être qu’une seule et même communauté.

 

Quant au fait de se diviser de dire : « celui-ci est parmi les Salafis, celui-là des Ikhwâns, celui là des Tablîghs, celui-là des gens de la Sunnah, celui-là de ceux qui suivent aveuglément, et ainsi de suite … » en se clivant, cela mène vers un énorme danger !

 

Et l’espoir que nous avons en cet éveil et ce réveil islamique sera anéanti si nous savons que ses membres vont finir en groupes divisés qui se traitent les uns les autres d’égarés et d’idiots.


La solution à ce problème consiste d’une part à emprunter la voie que les compagnons ont empruntée et d’autre part à bien comprendre que cette divergence, ayant pour origine un effort d’interprétation personnelle dans une affaire ou un cela est permis, ne pose pas de problème et peut en réalité s’avérer justifiée.


 

Comment cela est-il possible?

Imaginons que je diverge avec toi sur un sujet quelconque, car le sens de la preuve en ma possession va à l’encontre de ce que tu dis et vice versa. En réalité, nous ne sommes pas en train de diverger car chacun d’entre nous se fonde sur la preuve qu’il détient. Ainsi, je n’ai aucun mal à te rendre hommage car tu ne m’as contredit que dans le but de défendre la preuve, et je reste ton frère et ton ami car cette contradiction est le fruit de la preuve en ta possession. Aussi, il m’est obligatoire de ne rien ressentir contre toi au fond de moi. En fait, je me dois même de faire ton éloge pour ce que tu as fait, et tu dois en faire de même avec moi.

Imaginons maintenant que l’un de nous force l’autre à se conformer à son avis et qu’il soit nécessaire de trancher. Dans ce cas, je n’ai en aucun cas la priorité pour lui imposer de se conformer à mon avis et lui non plus ne l’a pas.


Et c’est pour cela que je dis que nous devons considérer cette divergence basée sur une recherche de preuves non pas comme une divergence mais plutôt comme un accord, afin que notre voix soit une et que le bien en découle.


En outre, si quelqu’un venait à dire: « Il se peut que cette manière de remédier à ce genre d’affaire ne soit pas aisément applicable par le grand public. Quelle est la solution ? »


La solution est que tous les responsables et les représentants de chaque groupe se réunissent afin d’analyser les points de divergence qui nous opposent afin d’être unis et en harmonie.


A Minâ, il y a quelques années, une scène qui va peut-être vous apparaître comme étrange s’est produite. Deux groupes de pèlerins composés chacun de trois ou quatre hommes sont venus en plein pèlerinage, en se maudissant et en se qualifiant les uns les autres de mécréants.


L’un des deux groupes disait que lorsque l’autre allait prier, ils mettaient leur main droite sur leur main gauche au-dessus de la poitrine, et que ceci constituait un déni de la Sunnah, car selon eux, la Sunnah voulait qu’ils laissent tomber leurs mains au niveau des jambes. Quant à l’autre groupe, ils affirmaient que le fait de mettre les mains le long des cuisses sans mettre la main droite sur la main gauche était de la mécréance qui justifiait d’être maudit.

Leur différend était très intense. Mais par la grâce d’Allah (b), puis par les efforts déployés par les frères, ainsi que la clarification de la manière dont la communauté islamique doit se comporter en vue de parvenir à une bonne entente (entre ses membres), ils s’en sont quittés satisfaits les uns des autres.


Regardez comment Satan s’est joué d’eux dans cette affaire au point où ils se sont mutuellement taxés de mécréants, alors qu’il s’agissait d’un acte surérogatoire, qui ne fait partie ni des piliers de l’Islam, ni de ses actes obligatoires. La divergence la plus notoire des savants sur ce sujet est que certains voyaient que la Sunnah était de mettre la main droite sur la main gauche au-dessus de la poitrine, tandis que d’autres étaient d’avis que la Sunnah consiste à laisser les mains pendre le long des cuisses. Même si l’opinion la plus correcte est de mettre la main droite sur le bras gauche, comme l’a dit Sahl Ibn Sacd  dans ce qu’a rapporté Al-Bukhârî : « On ordonnait aux gens que l’homme mette sa main droite sur son bras gauche pendant la prière »[6].


Aussi, j’espère de la part d’Allah  qu’Il fasse don de la bonne entente, de l’amour et de la bonté des cœurs à nos frères qui se chargent des activités de prêche. Et lorsque l’intention est bonne, le remède est facile, et dans le cas contraire, si chacun d’entre nous est imbu de son opinion et ne prête pas attention à celle de l’autre, alors la lueur du succès se fera attendre.


Remarque : si cette divergence d’opinion se produit dans des sujets touchant à la croyance, il faut obligatoirement corriger l’erreur. En l’occurrence, tout ce qui va à l’encontre de la voie des pieux prédécesseurs doit être rejeté et il faut mettre en garde contre tout individu empruntant une voie opposée à la leur dans ce domaine.



[1] S.8, v.46.

[2] S.3, v.105.

[3] S.6, v.159.

[4] S.42, v.13.

[5] Rapporté par Al-Bukhârî (1770).

[6] Rapporté par Al-Bukhârî (740).




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