La conduite de débats entre avis opposés faisait partie des moyens auxquels les pieux prédécesseurs avaient recours, mais cette pratique semble être quasiment abandonnée de nos jours. Pensez-vous qu’il faille faire revivre celle-ci ? Et quels en sont les bienfaits ?
Je pense que la conduite de débats entre partis opposés est une bonne initiative à condition qu’elle soit accompagnée d’une bonne intention, c’est-à-dire de faire que la parole d’Allah soit la plus élevée. En revanche, si le but recherché est de faire prévaloir sa propre opinion sur une autre, il est préférable de la délaisser.
Aussi, cette volonté de parvenir à la vérité était plus présente chez les pieux prédécesseurs qu’elle ne l’est à notre époque. C’est pour cette raison qu’à notre époque, lorsque certains sont en désaccord avec toi, ils s’appuient sur des preuves choses futiles qui n’ont aucune valeur logique ou scientifique. C’est peut-être ce qui explique que certaines personnes refusent systématiquement le débat, en particulier si cela doit se faire devant les gens, ou devant un grand public, car l’on peut craindre que ceux-ci (les imposteurs) trompent l’audience, en mélangeant le faux au vrai à l’aide de leur éloquence, leur exubérance et leur audace. Dans ce cas, le mal engendré peut être immense, et pas uniquement envers celui qui débat sincèrement, mais également envers l’ensemble de ses homologues dans la vérité, ainsi qu’envers la vérité elle-même. Cela explique pourquoi les gens préfèrent s’éloigner de tous ces débats.
Cependant, je pense qu’il est possible de contourner ce danger par le fait que le savant rédige un livre dans lequel il mentionne son avis, en l’étayant avec les preuves à partir desquelles il a fondé son choix, puis en mentionnant les arguments de ses opposants en démontrant que ces derniers ne sont pas à la hauteur de ceux qu’ils défend. Cette méthode est assurément saine et bien adaptée, et elle permet d’atteindre les mêmes objectifs.
Je n’ai jamais rien lu, ou plutôt je n’ai jamais eu à faire à un auteur aussi excellent dans cette méthode que Sheikh Al-Islâm Ibn Taymiyah (r) dans ses ouvrages, ainsi que son disciple Ibn Al-Qayyim (r). Tu le vois disputer un avis en apportant des preuves contre son propre avis, auxquelles même ceux qui le contredisent n’avaient pas pensé, pour ensuite le réfuter en mentionnant les arguments du second avis, ce qui témoigne d’une équité inconditionnelle. Et l’homme doit avoir conscience qu’il est responsable de ses actes devant Allah (b) et que chaque fois qu’il choisira un avis sous l’impulsion de ses penchants, cela se fera au détriment de son compte de bonnes actions le jour du Jugement Dernier.