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Connaître Allah
  
  

   

Nous avons évoqué ici quelques exemples de la place qu’occupe la Tradition Prophétique dans les cœurs des musulmans, leur manière de la mettre en application et de s’en contenter. En effet, elle est la seconde source parmi les preuves religieuses en Islam. Ils la prennent en haute considération, la respectent et l’honorent, car c’est la parole de leur prophète, celui qui ne prononce rien sous l’effet de la passion, et également à cause de ce que son application apporte comme bien, bénédictions et bienfaits pour la communauté.

Ceci est donc la place qu’occupe la Sunna du prophète (m) dans le cœur des musulmans. Et même ceux qui sont venus ultérieurement l’admirent, la respectent et l’appliquent comme s’ils entendaient le messager (m) parler,  en raison du fait qu’elle leur est parvenue par des voies authentiques. Ainsi, il n’y aucune place pour le doute dans sa fiabilité de transmission ni dans ses significations.

Le croyant la suit et la met en application sur lui-même et sur les autres, et c’est pour cela qu’il (m) a dit : « Qu’Allah illumine le visage d’une personne qui a entendu de nous un hadith et l’a transmis comme il l’a entendu. Combien de personnes à qui on transmet sont plus à même de comprendre que le transmetteur ! ».

C’est ainsi qu’il a encouragé (m) à transmettre sa Sunna aux membres de la communauté qui viennent les succéder, jusqu’à ce que sonne l’Heure. Il a également dit (m) lors du pèlerinage d’adieu lors de son sermon grandiose à cArafât : « Que ceux d’entre vous qui sont présents transmettent aux absents, combien de personnes à qui on transmet comprennent mieux que ceux qui transmettent[1]. » Il ordonna ainsi à ceux qui étaient témoins et présents de transmettre aux absents de la communauté.

Et c’est pour cela que l’importance accordée par les musulmans à la Sunna du messager (m), son apprentissage, sa mémorisation et son classement fut considérable et surpassa l’effort de toutes les communautés. On ne trouve pas une seule communauté qui s’est préoccupée des récits de ses prophètes et de ses messagers équivalente à la communauté de Muhammad (m). De fait, ceux-ci n’ont cessé de la sauvegarder dans leurs poitrines par le biais de la mémorisation par cœur et de la transmettre et la propager aux autres. Celui qui précède transmet à celui qui succède, génération après génération. Et en même temps qu’ils la mémorisaient et la maîtrisaient, ils écrivaient les hadiths afin que la Sunna soit mémorisée à la fois dans les cœurs et les écrits.

A l’époque du prophète (m), celui-ci leur a interdit d’écrire le hadith en disant même : « Quiconque a écrit quelque chose, qu’il l’efface[2] », afin d’éviter que le hadith se mélange avec le Coran. Il a ensuite autorisé à certains compagnons d’écrire le hadith, comme cAbdullah Ibn cAmr Ibn Al-cÂs, qui a pu écrire ce qu’il entendait du prophète (m), et c’est pour cela qu’il est l’un des compagnons qui a rapporté le plus de hadiths car il écrivait directement ce qu’il entendait.

Néanmoins, la préoccupation des musulmans pour la mémorisation orale était bien plus importante que pour l’écriture. Ils mémorisaient la Sunna et la portaient dans leurs poitrines, se l’enseignaient et la transmettaient. A tel point que l’un d’entre eux a voyagé du Hijâz[3] jusqu’en Egypte pour apprendre un seul hadith auprès de quelques compagnons et ce, malgré la difficulté liée au voyage, ce qui démontre leur intérêt marqué pour le hadith du messager (m) et leur admiration et leur profond respect.

Après cela, lors de la période du Calife bien guidé cUmar Ibn cAbdilazîz, l’écriture et le recueil de hadiths a commencé, puis a évolué jusqu’à ce que soient compilés les Sahîhs, les Musnad, les Jâmic[4] et les premières encyclopédies de la Sunna Prophétique. C’est bien de cette époque que proviennent les ouvrages de la Sunna que nous trouvons aujourd’hui chez les musulmans – et la louange est à Allah. Aussi, c’est un effort monumental qu’ont réalisé les gardiens de la communauté tant et si bien qu’Allah a préservé par leur biais la Tradition Prophétique de tout ajout ou suppression. Ceux-ci l’ont défendue de tout affabulateur et imposteur et ils ont écrit des ouvrages majestueux que l’on ne trouve chez aucune communauté autre que les musulmans. Ils y ont défini des conditions drastiques d’acceptation des hadiths, et ont dévoilé les caractéristiques des affabulateurs et des imposteurs, des faibles[5] et des personnes dont le hadith était délaissé.

Cette sauvegarde fait partie de la préservation du Livre d’Allah (c) :

{ إِنَّا نَحۡنُ نَزَّلۡنَا ٱلذِّكۡرَ وَإِنَّا لَهُۥ لَحَٰفِظُونَ }

« En vérité c’est Nous qui avons fait descendre le Coran, et c’est Nous qui en sommes gardien[6]. »

De la même manière qu’Allah (c) a préservé le Coran de tout ajout ou suppression, Il a protégé la Tradition du messager (m) par l’intermédiaire de ses narrateurs[7], car elle est celle qui explique le Coran, l’éclaircit et l’interprète, et ceci par miséricorde d’Allah envers cette communauté.

 

 



[1] Hadith rapporté par Al-Bukhârî et Muslim dans leurs Sahîhs.
[2] Hadith rapporté par Muslim dans son Sahîh.
[3] Région qui se situe dans l’ouest de l’actuelle Arabie Saoudite et qui comprend les villes de La Mecque et Médine.
[4] NdT : Musnad : recueils de hadiths référencés par narrateurs ; avec les chaînes de transmissions (ex. le Musnad de l’imam Ahmad). Sahîh : recueil de hadiths référencés par thème, dans lequel l’auteur a sélectionné les hadiths qu’il juge authentiques (ex. Sahîh  Muslim). Jâmic: similaire à un Sahîh sauf qu’il peut contenir des hadiths dont la chaîne de transmission est plus faible (ex. le Jâmic d’At-Tirmidhî).
[5] NdT : de mémoire, de raison ou aux pratiques religieuses douteuses.
[6] S. 15, v. 9.
[7] NdT: les rapporteurs de hadiths.



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