Mohammed r défendit les droits des hommes et des femmes, des jeunes et des personnes âgées, quels que soient leur condition sociale et leurs niveaux de vie. Il établit dans ce domaine un ensemble de principes éminents. Il insista, par exemple, lors de son sermon d'adieu, moins de trois mois avant son décès, sur l'interdiction la plus formelle de verser le sang des gens, de transgresser leurs biens et leur honneur, et ceci, avant que le monde ne connaisse la Grande Charte de 1215G, la Pétition des Droits de 1628G, la Loi d'Habeas Corpus (libertés individuelles) de 1679G, la Déclaration d'indépendance américaine de 1776G, la Charte des droits de l'homme et du citoyen de 1789 et la Déclaration universelle des droits de l'homme en 1948G.
Les principes de protection des droits, que la législation islamique a établis pour les hommes, précédèrent de plusieurs siècles toutes les autres déclarations sur les droits de l'homme, et ils ne furent pas restreints aux droits des hommes, mais embrassèrent les droits des animaux, des plantes et de l'environnement, dont la protection fut considérée comme étant une branche de la foi. Le Prophète Mohammed r affirma ainsi que : « La foi comporte un peu plus de soixante-dix branches. La plus noble en est l'affirmation qu'il n'y a de divinité digne d'être adorée qu'Allah et la plus infime est l'action de retirer de la route ce qui peut nuire aux passants. »[1] Tout comme il interdit de faire ses besoins dans les lieux ombragés, où les gens sont susceptibles de s'arrêter pour s'y reposer !
Parmi les principes généraux à ce sujet, on trouve :
- La protection de la vie humaine – l'Islam vint avec plusieurs lois, décrets et interdits, tels que :
L'interdiction de prendre une vie sans droit légal, et le fait de considérer l'assassinat d'une seule âme comme équivalent à l’assassinat de l'humanité toute entière. Allah dit : ( […] celui qui tue une personne non coupable d’un meurtre ou d’une corruption sur terre, c’est comme s’il avait tué tous les hommes. )[2]
L'interdiction du suicide – Le Prophète r dit : « Quiconque se précipite du haut d’une montagne et se tue sera jeté dans le feu de la géhenne, où il ne cessera de chuter éternellement, et quiconque a ingurgité un poison et s'est tué avec, aura ce poison dans sa main et l'ingurgitera pour l'éternité dans le feu de la géhenne »[3].
L'interdiction de tout moyen pouvant conduire au crime. Le Prophète r dit : « Celui qui pointe son épée vers nous ne fait pas partie de nous »[4].
L'interdiction de faire peur aux autres et de les effrayer, même en plaisantant.
L'interdiction de blesser, même si ce n'est qu'une probabilité, comme l'injonction faite à celui qui passe par un marché avec des flèches de protéger leurs têtes pour ne blesser personne. Le Prophète r dit : « Que celui qui passe par une de nos mosquées ou un de nos marchés avec des flèches les tiennent par leurs têtes, de façon à ce qu'il ne blesse aucun musulman. »[5] Les textes prophétiques qui interdisent de faire du mal sont très nombreux, on peut citer cette parole du prophète r : « Celui qui pointe une arme vers son frère, les anges le maudissent, et ce, même s'ils sont frères du même père et de la même mère. »[6] Et il plaça le fait d'empêcher de blesser quelqu'un parmi les droits des passants, que le musulman se doit de respecter.[7]
- La protection de la raison – l'interdiction de tout ce qui peut nuire à l'esprit :
Les choses nuisibles, organiquement parlant, comme le fait de boire des boissons alcoolisées ou de prendre des drogues. Le Prophète r dit : « Toute boisson enivrante est du vin et tout vin est interdit. »[8]
Les choses nuisibles, spirituellement parlant, comme les croyances superstitieuses, l'utilisation de la magie, l'imitation aveugle des autres et le fait de refuser de raisonner avec logique.
- La protection de la descendance :
L'encouragement au mariage. Le Prophète dit : « Ô jeunes hommes ! Celui parmi vous qui a la capacité de se marier, qu'il se marie donc ! »[9]
L'interdiction de tuer ses enfants et de faire avorter les femmes enceintes. Allah I dit : (Et ne tuez pas vos enfants [...] )[10]. L'Islam interdit de tuer le fœtus ou de tenter de le faire tomber, à moins qu'il ne constitue un danger certain pour la survie de la mère.
- La protection de la chasteté et de l'honneur :
L'interdiction de la fornication et de l'adultère, et l'association d'une peine légale pour ceux qui s'en rendraient coupables. Allah dit : ( Et n’approchez pas la fornication. En vérité, c’est une abomination et quel mauvais chemin ! )[11] Et Il légiféra ceci : ( La fornicatrice et le fornicateur, affligez à chacun d’eux cent coups de fouet […] )[12].
L'interdiction des fausses accusations et l'association d'une peine légale pour les coupables. Allah dit : (Ceux qui lancent des accusations contre les femmes vertueuses, chastes et croyantes sont maudits ici-bas comme dans l’au-delà. Ils auront un châtiment énorme. )[13] Il dit aussi : ( Quant à ceux qui lancent des accusations contre les femmes chastes sans amener par la suite quatre témoins, infligez leurs quatre-vingts coups de fouet et n’acceptez plus jamais leur témoignage. Et ce sont eux les pervers. )[14] Le Prophète dit : « Écartez-vous des sept grands péchés qui mènent à la perdition ! » et il nomma parmi eux le fait d'« accuser de fornication les croyantes chastes et insouciantes. »
Le conseil d'éviter les situations embarrassantes et suspicieuses, afin de se prémunir contre les critiques touchant à la conduite et au comportement.
- La préservation des biens :
L'injonction de rester modéré dans les dépenses. Allah – glorifié et exalté soit-Il – dit : (Ne retiens pas ta main par avarice, et ne la tend pas en dilapidant tes biens, tu te trouverais alors blâmé et plein de remords. )[15]
La législation de peines précises pour ceux qui s'accaparent les biens d'autrui en toute injustice.
L'ordre de prendre soin des biens des orphelins et des personnes faibles dans la société.
L'interdiction de l'usure (les intérêts)[16] et de dévorer illicitement l'argent des gens[17].
L'insistance avec laquelle le Prophète exhorta que l'on prenne soin des femmes. Il fut rapporté de nombreux hadiths à ce propos, parmi ceux-ci : « Comportez-vous bien avec les femmes »[18] et sa parole r : « Le meilleur d'entre vous est celui qui se comporte le mieux avec sa famille, et je suis celui parmi vous qui se comporte le mieux avec sa famille. »[19]
La femme est la sœur de l'homme comme le Prophète le rappela dans le hadith : « Les femmes sont les sœurs des hommes. »[20]
La participation des femmes au même titre que les hommes aux pratiques religieuses et aux travaux sociaux. Allah dit : (Les croyants et les croyantes sont les alliés les uns des autres. Ils ordonnent le bien, interdisent le mal, accomplissent la prière, acquittent la Zakât et obéissent à Allah et à Son messager. Voilà ceux auxquels Allah fera miséricorde, car Allah est Puissant et Sage. )[21]
ü Le droit des femmes à l'éducation et à l'enseignement : il fut établi par plusieurs chaînes de narration qu'une femme éduquée, parmi les compagnons du Prophète – qu’Allah soit satisfait d’eux -, apprit l'écriture à Hafsah, la fille de 'Umar et la femme du Prophète r. Ce dernier montra son approbation, ce qui, en soi, constitue une preuve de sa volonté à donner les moyens à la femme de s'instruire, puisqu'il est l'exemple pratique qu'il convient de suivre dans notre comportement à l'intérieur de nos familles.
Le droit des femmes à posséder de l'argent. L'Islam leur donna le droit à l'héritage, au même titre que les hommes, et il compléta cela par l'obligation faite aux hommes de donner une dot de mariage à leur épouse, et de dépenser pour leur femme et leurs enfants, et ce, même si la situation financière de l’épouse est aisée. L'Islam leur donna le droit de vendre, d'acheter, de louer, de faire des dons, de donner leur argent en charités, et d'autres droits encore.
[1] Rapporté par Bukhârî et Muslim.
[2] La table servie, sourate 5, verset 32.
[3] Rapporté par Bukhârî.
[4] Rapporté par Bukhârî et Muslim.
[5] Rapporté par Bukhârî.
[7] Rapporté par Bukhârî.
[9] Rapporté par Bukhârî et Muslim.
[10] Le verset en entier est le suivant : ( Et ne tuez pas vos enfants par crainte de pauvreté. C’est Nous Qui les nourrissons, tout comme vous. Les tuer, c’est vraiment un énorme péché. ) Sourate 17, Le voyage nocturne, verset 31 (note du traducteur).
[11] Le voyage nocturne, sourate 17, verset 32.
[12] Le verset en entier est le suivant : ( La fornicatrice et le fornicateur, affligez à chacun d’eux cent coups de fouet et ne soyez point pris de pitié pour eux dans l’exécution de la loi d'Allah, si vous croyez en Allah et au jour Dernier. Et qu’un groupe de croyants assiste à leur punition.) La lumière, sourate 24, verset 2 (note du traducteur).
[13] La lumière, sourate 24, verset 23.
[14] La lumière, sourate 24, verset 4.
[15] Le voyage nocturne, sourate 17, verset 29.
[16] Parmi les preuves de l'interdiction de l'usure, on peut citer les versets 275 à 281 de la sourate La vache : ( Ceux qui pratiquent l’intérêt ne se lèveront le Jour du Jugement que comme celui que Satan a possédé. Ceci, parce qu’ils disent : « Le commerce est semblable à l’intérêt. » Alors qu'Allah a autorisé le commerce, et a interdit l’intérêt […] Allah annule l’intérêt et fait fructifier les aumônes. Et Allah n’aime pas le mécréant pécheur […] 278. Ô vous les croyants ! Craignez Allah, et renoncez à ce qui reste d’intérêt, si vous êtes croyants. 279. Et si vous ne le faites pas, alors recevez l’annonce d’une guerre de la part d'Allah et de Son messager. Et si vous vous repentez, vous récupérez votre capital initial. Vous ne léserez personne, et vous ne serez point lésés [...] ) (note du traducteur).
[17] Ou une partie de celui-ci, fût-elle infime. La preuve de cette interdiction réside dans le verset suivant : ( Et ne dévorez pas mutuellement et illicitement vos biens, et ne vous en servez pas pour corrompre des juges afin de dévorer par péché une partie des biens des gens, alors que vous savez. ) La vache, sourate 2, verset 188 (note du traducteur).
[18] Rapporté par Bukhârî.
[19] Rapporté par Tirmidhî.
[20] Rapporté par Abû Dawud et Tirmidhî et déclaré authentique par Al-Albânî (note du traducteur).
[21] Le repentir, sourate 9, verset 71.