les actes annulant le jeûne
il est des actes qui sont contradictoires avec la réalité du jeûne, voire qui l'annulent. le jeûneur doit s'en tenir éloigné. il est de nombreuses choses qui amoindrissent la rétribution du jeûne, et il faut les éviter en tout temps, et plus particulièrement pendant le mois de ramadan à cause de caractère sacral de ce moment.
1) deux catégories d’actes annulant le jeûne
quant aux actes qui annulent le jeûne, ils se divisent en deux catégories :
a) les actes annulant le jeûne unanimement
une partie dont l'unanimité des savants déclare que cela annule le jeûne ; ces actes sont au nombre de trois :
manger, boire et avoir des rapports conjugaux pendant la journée du ramadan, volontairement et sans contrainte. la preuve de cela réside dans cette parole d'allah (exalté soit-il) :
on vous a permis, la nuit du jeûne, d’avoir des rapports avec vos femmes ; elles sont un vêtement pour vous et vous êtes un vêtement pour elles. allah sait que vous aviez secrètement des rapports avec vos femmes. il vous a pardonné et vous a graciés. cohabitez donc avec elles, maintenant, et cherchez ce qu’allah a prescrit en votre faveur ; mangez et buvez jusqu’à ce que se distingue, pour vous, le fil blanc de l’aube du fil noir de la nuit. puis accomplissez le jeûne jusqu’à la nuit. mais ne cohabitez pas avec elles pendant que vous êtes en retraite rituelle dans les mosquées. voilà les lois d’allah : ne vous en approchez donc pas (pour les transgresser). c’est ainsi qu’allah expose aux hommes ses enseignements, afin qu’ils deviennent pieux !چ[sourate 2 : la vache, verset 187].
d'après abou hourayrah (qu'allah soit satisfait de lui), le prophète ra dit :« le jeûne est (comparable à) un bouclier, lorsque l'un de vous jeûne qu'il s'abstienne d'être grossier et de se comporter tel un ignorant, et s'il est insulté ou provoqué, qu'il répète à deux reprises : « je jeûne ! » par celui qui détient mon âme dans sa main, l'haleine du jeûneur est meilleure auprès d'allah (plus agréable à allah) que l'odeur du musc. il s'abstient de manger ou de boire et se prive de ses passions pour moi. le jeûne m'appartient et c'est moi qui en fixe la récompense et la récompense d'une bonne action est décuplée. » rapporté par al-boukhârî et d'autres parmi les auteurs des sounans, et dans la version d'al-boukhârî : « il a certes délaissé ses désirs charnels, sa nourriture, et sa boisson pour moi. »
il y a consensus (ijma‘) entre les musulmans que ces trois actes annulent le jeûne.
b) les actes dont le caractère annulatif n’est pas unanime
deuxième catégorie des actes qui annulent le jeûne :ceux dont les savants divergèrent, sont-ils comptés parmi les annulatifs du jeûne ou pas ? cette catégorie comprend divers actes à savoir :
- al-hijâmah(la saignée), le plus juste est qu’il annule le jeûne. d'après râfi’ ibn khadîj (qu'allah soit satisfait de lui), le prophète ra dit : « celui qui applique la saignée « hijâmah » ainsi que celui sur lequel sont appliquées les ventouses ont rompu leur jeûne. »rapporté par ahmad, at-tirmidhî et d'autres.
dans le même chapitre, des ahâdîthes ont été rapportés d'après thawbân, chaddâd ibn aws, abou hourayrah, ‘a’îcha, oussâma ibn zayd, et ma’qil ibn sinân al-achdja’î -qu'allah soit satisfait d'eux tous.
l'imam ahmad -qu'allah lui fasse miséricorde- a dit : le hadith le plus authentique dans ce chapitre est celui de thawbân et de chaddâd ibn aws. abou zour’ah -qu'allah soit miséricordieux envers lui-, a rendu bon (hassan) le même hadith qui a été transmis par abou hourayrah.
de son côté, ad-dârimî -qu'allah lui fasse miséricorde-, a dit : de mon côté, le hadith suivant a été authentifié : « celui qui applique la saignée « hijâmah » ainsi que celui sur lequel sont appliquées les ventouses ont rompu leur jeûne. » d'après le hadith de thawbân et chaddâd ibn aws et je le ratifie.
l'imam ahmad a dit : les ahadîthes : « celui qui applique la saignée « hijâmah » ainsi que celui sur lequel sont appliquées les ventouses ont rompu leur jeûne » et « pas de mariage si ce n’est avec un tuteur »,se fortifient entre eux, et moi je m'y réfère. il y a beaucoup de paroles de savants du hadith qui approuvent ce hadith et qu’il est inopportun de citer ici. le « don de sang » est considéré comme une hijâmah.
- [les substances thérapeutiques] parmi les actes qui annulent le jeûne, on trouve également ce qui détient le sens du manger et boire qui a pour résultat l’alimentation du corps, comme les injections nutritives, les injections de sang, les médicaments qui pénètrent par la voie nasale ou buccale pour le jeûneur. car ces deux organes sont les voies principales vers le ventre. ceci est évident pour la bouche. en ce qui concerne le nez, la preuve réside dans cette parole du prophète adressée à laqît ibn sabrah :« ... et insiste lors de l'inhalation de l'eau « al istinchâq » sauf en cas de jeûne. » [rapporté par ahmed, abou dâoud, at-tirmidhî, an-nassâ-î, ibn mâjah…]
- figure également parmi les actes qui annulent le jeûne : l’éjaculation avec désir dû par exemple à la masturbation ou l'insistance du regard. ceci, selon le sens général du hadith rapporté précédemment par abou hourayrah (qu'allah soit satisfait de lui) chez al-boukhârî : « il a certes délaissé ses désirs charnels, sa nourriture, et sa boisson pour moi. »
- l’éjaculation durant un rêve érotique ou l'éjaculation due aux penséesn'annule pas le jeûne, conformément à cette parole du prophète r, telle que rapportée par abou hourayrah (qu'allah soit satisfait de lui) :« allah m’a accordé de passer outre au mal de ma communauté que leurs âmes leur inspire, tant qu'il ne sera pas traduit en paroles ni en acte. » unanimement reconnu comme authentique (al-boukhârî et mouslim).
2) jugement de celui qui a commis un de ces actes annulatifs
celui qui commet l'un des actes annulatifs précités durant l’une des journées de ramadan, volontairement et sans contrainte, doit s'empresser de se repentir et implorer allah (exalté soit-il), en espérant qu’allah lui fera grâce et lui pardonnera sa faute. en outre, il doit jeûner une journée à la place de chaque jour manqué.
par ailleurs, celui qui a eu des rapports charnels de façon délibérée et sans contrainte, pendant la journée du mois de ramadan, doit effectuer un repentir sincère, mais aussi compenser chacune des journées manquées pour cela, et enfin libérer un esclave, ou, à défaut, jeuner deux mois successifs, ou, à défaut, nourrir soixante nécessiteux.
la preuve qui démontre cela est ce qui a été rapporté par le groupe (les six livres d’ahadîthes les plus connus), dans des termes approchants (les uns les autres), d'après le hadith d'abou hourayrah (qu'allah soit satisfait de lui) qui a dit : « nous étions assis chez le prophète r, quand un homme vint le trouver et lui dit « je suis perdu ô messager ». il lui demanda alors : « et qu’est-ce qui a causé ta perte ? » l’autre dit : « j’ai eu des rapports intimes avec ma femme pendant que j'observais le jeûne ». il lui dit : « as-tu de quoi délivrer un esclave ? » il dit non. il lui demanda alors « pourras-tu jeûner deux mois successifs ? » il dit non. - « pourras-tu alors nourrir soixante besogneux ? poursuivit le prophète. l’autre déclara que non. sur ce, le prophète rs'en alla un moment, puis revînt en apportant un grand panier de dattes et demanda : « où est celui qui interrogeait ? » - « je suis là, » répondit l'homme. - « prends-le, lui ordonna le prophète et fais-en l'aumône. » - « dans l'espace compris entre ses deux collines, est-ce qu'il existe une famille qui en a plus besoin que nous ? » le prophète rse mit alors à rire à en apercevoir ses molaires, puis lui dit : « pars donc et nourris-en ta famille. » »
3) celui qui retarde la compensationd’une journée de jeûne à plus d’un an
pour celui qui a retardé la compensation d'une journée de ramadan jusqu'à ce qu'un autre ramadan survienne, il doit à la fois effectuer la compensation du jeûne et la kaffâra (acte accompli en expiation d'un péché) pour le retard. un groupe de compagnons ont émis cette fatwa, comme abou hourayrah, ibn ‘abbâs et ibn ‘oumar qu'allah soit satisfait d'eux tous.
4) celui qui a commis un acte annulatif par oubli, par ignorance ou sous la contrainte
celui qui a accompli par oubli, par ignorance ou sous la contrainte, l'un des actes qui annulent le jeûne est excusé et ne doit rien rattraper, selon cette parole d'allah (exalté soit-il):
seigneur, ne nous châtie pas s'il nous arrive d'oublier ou de commettre une erreur.چ[sourate 2 : la vache, verset 286].