les raisons de la polygamie du prophète (pb sur lui)
après avoir parlé - dans la première et la deuxième étude - du mariage du prophète (pb sur lui) et de la particularité dont allah a revêtu ses mariages, il est temps de montrer les valeurs nobles et civiles ainsi que les buts divins et légitimes de sa polygamie. on jugera ensuite du qualificatif de jouisseur qui lui fut imputé et des valeurs et des objectifs qu’il visait à travers ses mariages. nous saurons discerner entre le comportement du jouisseur qui court derrière les femmes et choisit parmi elles les plus belles, les plus jeunes et les plus vierges, en échange des plus vieilles, et le comportement du porteur d’un projet social pour le bonheur de l’humanité dans ce monde et l’au-delà. le projet de celui qui avait le devoir de diffuser le message divin, de purifier les âmes et de leur apprendre tout dans la vie comme allah (swt) le dit : "c’est lui qui a envoyé à des gens sans livre (les arabes) un messager des leurs qui leur récite ses versets, les purifie et leur enseigne le livre et la sagesse, bien qu’ils étaient auparavant dans un égarement évident."[1]
le prophète (bp sur lui) a choisi parmi les femmes de son temps celles qui pouvaient enregistrer la science, transmettre les bonnes mœurs, aider à l’obéissance et être les ambassadrices des femmes dans sa maison.
pour chaque mariage du prophète (pb sur lui) on illustrera le but et la philosophie pour tel ou tel choix.
l’érudit mohammad ibn ali as-sabouni a groupé en quatre catégories les raisons et les objectifs pour lesquels le prophète (pb sur lui) s’est marié avec ce nombre de femmes :
les raisons législatives, les raisons instructives, les raisons sociales, et les raisons politiques (1). on le suivra dans cette partition originale, et l’on y ajoutera des exemples, des témoignages et des commentaires selon les exigences du contexte.
premièrement : la raison législative
pour les inviter à adorer allah l’unique créateur et avoir de l’éthique dans leurs mœurs et leurs transactions, allah envoya aux gens le messager mohammad (pb sur lui). celui-ci communiquait par ses paroles, ses actions ou ses décisions, tout ce lui transmettait son seigneur. or, selon la coutume arabe de l’époque préislamique, le prophète (bp sur lui) avait adopté zayd ibn al-hâritha qui avait préféré sa compagnie à celle de sa propre famille (selon une longue histoire …) au point qu’on lui donnait le nom de zayd ibn mohammad (2).
vu les inconvénients de cette habitude (l’adoption) de l’ère préislamique au niveau de la religion et de la société (1), allah (swt) est intervenu pour l’abolir et l’interdire. selon son organisation, surgirent des différends entre zayd et son épouse, zeinab bint djahch. ils en discutèrent avec le messager d'allah (pb sur lui) qui essaya de les réconcilier sans arriver à éviter la séparation. puis allah (swt) fit allusion à son messager qu’il allait épouser zeinab selon son ordre après sa séparation de son mari zayd: “ quand tu disais à celui qu’allah avait comblé de bienfait, tout comme toi-même l’avais comblé: «garde pour toi ton épouse et crains allah», et tu cachais en ton âme ce qu’allah allait rendre public. tu craignais les gens, et c’est allah qui est plus digne de ta crainte. puis quand zayd eut cessé toute relation avec elle, nous te la fîmes épouser, afin qu’il n’y ait aucun empêchement pour les croyants d’épouser les femmes de leurs fils adoptifs, quand ceux-ci cessent toute relation avec elles. le commandement d’allah doit être exécuté."
donc ce mariage du messager d’allah n’était pas de son plein gré mais un ordre d’allah auquel il ne pouvait désobéir.
deuxièmement : la raison instructive
la polygamie du messager (pb sur lui) eut aussi une finalité didactique, puisqu’elle permit d’enseigner la religion d’allah et ses ordonnances sur le plan des cultes et des comportements à tout le monde, hommes et femmes, grands et petits.
du fait de la pudeur des femmes croyantes, de la haute moralité et de la pudeur verbale du messager d'allah (bp sur lui), il lui était indispensable d’avoir à ses côtés une femme qui instruise les femmes sur leurs affaires intimes et sur ce qui les concerne uniquement. d’après â'icha (sur elle) : « une femme est venue demander au prophète la méthode à suivre pour se nettoyer des menstruations. il lui dit : « prends un morceau de musk et nettoie-toi avec.» elle demanda comment et il répéta : « nettoie-toi avec. » elle poursuivit : « mais comment ? » il s’exclama : « allah soit loué ! nettoie-toi avec. » alors je l’ai tirée vers moi et je lui ai dit : « en suivant les traces du sang. » (1)
des épisodes pareils étaient fréquents car il y avait des femmes qui lui rendaient visite pour se renseigner au sujet de ce qui concernait leur religion. la mère des croyants â’icha (a sur elle) transmettait ce qu’elle apprenait du messager d’allah aux femmes, et aux hommes à travers leurs épouses. d’après mou’adha et selon â'icha, elle dit : « ordonnez à vos époux de se purifier avec de l’eau, la pudeur me retient de le leur dire, le messager d’allah faisait de même. » (1) qui donc était en mesure de connaître les détails d’hygiène du prophète (bp sur lui) sinon ses femmes (a sur elles)…
a cette occasion, il faut signaler que la mère des croyants â'icha, (a sur elle), connue pour son intelligence et son excellente mémoire, a rapporté de nombreux hadiths d’après le messager d'allah (bp sur lui). d’après abou moussa al-ach’ari : « nous trouvions chez â'icha l’explication de tout hadith sujet à dilemme entre les compagnons. » (2)
troisièmement : la raison politique
parmi les raisons de la polygamie du prophète (pb sur lui), figure également la bonne gestion des affaires de la société. avec ses adeptes et les croyants au sein de sa communauté, comme avec les autres, le prophète était très attentif à sa politique. il cherchait tout ce qui était bénéfique à la société et repoussait tout ce qui pouvait lui nuire.
il s’était rendu compte que la société arabe durant cette époque était une société tribale où l’individu fautif ou innocent était soutenu par sa tribu et où ce dernier soutenait sa tribu pour une bonne ou une mauvaise cause.
le prophète (pb soit sur lui) avait adopté ce concept de la tribu arabe en tirant profit de ses avantages et en rejetant ses inconvénients. il ordonna de soutenir le frère innocent ou criminel en rendant son droit au premier et en obligeant le second à réparer le mal dont il s’était rendu coupable. comme il ordonna d’observer le droit et tout ce qui est juste, même si cela nous mettait en désaccord avec la tribu et les proches.
on comprend ainsi la raison pour laquelle le prophète (pb sur lui) avait épousé ramlah bint abou soufiâne (a sur elle), après la conversion au christianisme et la mort de son mari `oubaydillâh ibn djahche. il avait envoyé une lettre au négus dans laquelle il la demandait en mariage. elle en fut heureuse, elle et son père, et celui-ci ressentit de la fierté vis-à-vis de sa tribu pour cette alliance par le mariage au prophète (pb sur lui), dont il dit à cette occasion : “c’est un homme vaillant qui ne se laisse pas faire.” (1) ceux qui ont étudié la sira (la biographie du prophète mohammad (pb sur lui)) savent bien la position éminente d’abou soufiâne au sein de sa tribu ainsi que l’importance du mariage chez les arabes et son impact social. c’est un resserrement des liens de parenté entre les gens, une des causes de l’harmonie et de l’entente entre les membres de la tribu, notamment si chacune des parties respecte les devoirs et les droits de l’autre.
le même principe peut être déduit du mariage du prophète (pb sur lui) avec djouwaïriya, une des prisonnières de guerre durant la conquête de bani al-mustalaq, durant le mois de sha’bâne de la sixième année de l’hégire (1). le prophète voulut l’honorer selon son rang en la traitant de la même manière qu’une femme libre. il donna un magnifique exemple de la tolérance de l’islam et, par ce geste, il effaça de la mémoire des gens le mépris pour les femmes et l’idée qu’elles étaient uniquement bonnes pour l’esclavage ou la vente et qu’elles ne pouvaient être libérées que par un contrat d’affranchissement. les musulmans apprirent de ce geste la manière de traiter les femmes d’ascendance noble et à avoir de la compassion pour un noble qui a été déchu ou un riche qui connaît la ruine. l’histoire islamique est pleine d’épisodes pareils où l’on assiste au mariage de la servante avec son maître, soit-il calife, prince, ou noble, et qui mettent au monde des califes, des princes, et des grands commandants. il suffit de contempler l’histoire des bani al-`abâss pour s’en rendre compte (2).
le mariage du messager d'allah (bp sur lui) avec safiyya bint akhtab en l’an 5 ou 6 h offre un autre exemple d’une raison politique à sa polygamie. en effet, ce mariage constitue une réfutation à son imputation de racisme contre les juifs ou autres. ce mariage a montré que le mot racisme ne figurait pas dans le dictionnaire politique et social du messager d’allah (pb sur lui). sinon comment peut-on expliquer sa décision d’épouser la fille d’un grand chef juif qui, en l’occurrence, était mort lui et son frère dans leur conflit avec le prophète (2) ?
quatrièmement : la raison sociale
abou bakr et omar étaient ce qu’on peut appeler aujourd’hui deux ministres très proches du prophète (pb sur lui). ils agissaient sous son mandat pour accomplir la plupart des missions. il délibérait avec eux pour les décisions délicates et difficiles. tout cela nécessitait des contacts permanents et des visites fréquentes. le statut social et les valeurs ne permettaient pas à des étrangers des visites aussi fréquentes aux demeures privées de ces deux proches collaborateurs. il suffit d’observer l’événement de l’hégire pour constater comment elle a été organisée en secret et en sécurité dans la maison de abou bakr.
en effet, le prophète et abou bakr avaient quitté leur maison pour médine, laissant derrière eux les membres de leur famille. ceux-ci étaient chargés de l’organisation de ce grand événement à laquelle ont participé asmâ’ qui fut chargée de l’approvisionnement et du contrôle des mouvements de l’ennemi, et `âmer ibn fouhayra, le berger de abou bakr qui effaçait les traces des fugitifs. (pour plus de détails, veuillez consulter la biographie de al-farouq, `omar, où son attention particulière accordée à la famille du messager d’allah et ce qui se passait chez lui est décrite. nous avons d’ailleurs mentionné précédemment ses reproches aux épouses du messager d'allah (bp sur lui) et son avertissement du mécontentement d’allah et de son messager qui pouvait en résulter. c’est lui encore qui avait recommandé le hidjab pour elle et le coran l’avait approuvé).
ce furent les raisons et les objectifs pour lesquels le messager d’allah épousa les filles de ses deux ministres, abou bakr et `omar, â'icha et hafsa (a sur elles).
il en va de même pour son mariage avec oum salama, la veuve de `abdillâh ibn `abd al-assad, un des premiers convertis, tombé en martyr durant la conquête de ouhoud laissant quatre orphelins. le messager d’allah (pb sur lui) ne s’est pas désintéressé de son sort, mais plutôt s’est proposé de l’épouser.
en premier lieu elle s’est excusée, disant qu’elle était une veille femme, mère d’orphelins et de nature très jalouse. le prophète (pb sur lui) lui répondit par l’intermédiaire d’un de ses compagnons : "en ce qui concerne les orphelins, je les adopte, et je prie allah d’enlever la jalousie de ton cœur." il ne s’est pas soucié de l’âge de oum salama et l’a épousée après son accord. il éleva ses orphelins avec amour au point qu’ils ne ressentaient plus l’absence du père, paix et salut sur lui. (1)
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@ dar_altarjama@
[1] al jumu’a (le vendredi): 2